Le géant automobile Stellantis vient de lancer une nouvelle campagne de rappel d’envergure concernant près de 68 000 véhicules sur le territoire français. Cette décision, motivée par un défaut technique pouvant entraîner un risque d’incendie, s’inscrit dans une série de problèmes rencontrés par le constructeur franco-italo-américain ces derniers mois. Décryptage de cette situation préoccupante pour le groupe et ses clients.
Un rappel massif concernant les moteurs PureTech
Comme l’ont rapporté plusieurs médias le 25 février 2025, dont TF1 Info et Le Figaro, Stellantis a rappelé en France exactement 68 000 voitures produites entre 2022 et 2024. La raison invoquée par le constructeur est un défaut sur des buses de refroidissement de jet d’huile équipant ses moteurs PureTech, ces fameux moteurs essence trois cylindres développés initialement par PSA (Peugeot-Citroën) avant la création du groupe Stellantis.
Dans le détail, ce rappel concerne majoritairement des modèles compacts répartis comme suit :
- 57 000 Citroën C3
- 8 700 Opel Corsa
- 2 500 Peugeot 208
Toutes ces voitures sont équipées d’un moteur 1.2 PureTech de 82 chevaux, et c’est précisément cette motorisation qui pose problème en raison d’une pièce défectueuse fournie par un sous-traitant.
Le constructeur tient à préciser qu’il ne s’agit pas d’un problème de conception du moteur lui-même, mais bien d’un souci avec le fournisseur, « qui a dérivé sur la qualité de fabrication de ces buses ». Cette nuance est importante pour le groupe qui cherche à préserver l’image de fiabilité de sa technologie PureTech, déjà mise à mal par d’autres incidents.
Les risques encourus et la procédure de rappel
Le défaut identifié sur les buses de refroidissement peut engendrer plusieurs types de désagréments, allant du simple bruit à des conséquences potentiellement plus graves. Selon les explications fournies par Stellantis, dans les cas les plus sévères, « le capteur du moteur peut être endommagé avec un risque de projection d’huile sur le pot d’échappement, qui peut conduire à de la fumée ou un départ de feu« .
Bien que le groupe automobile n’ait pas précisé si de tels incidents s’étaient déjà produits, la décision de procéder à un rappel massif témoigne de la gravité potentielle du problème. Stellantis affirme agir « en application du principe de précaution« , considérant que « la sécurité de ses clients est une priorité« .
La procédure mise en place pour remédier à ce défaut est relativement simple et rapide. Les propriétaires des véhicules concernés seront informés par courrier recommandé, les invitant à se rendre chez leur concessionnaire pour effectuer une intervention. Cette dernière consiste en un changement d’huile moteur et de filtre à huile, une opération qui ne dure qu’environ 30 minutes selon le constructeur. Naturellement, cette intervention sera entièrement gratuite pour les clients.
Les experts conseillent aux détenteurs de l’un des modèles potentiellement concernés de se rendre chez leur concessionnaire dès réception du courrier, sans attendre, pour procéder à cette vérification.
Un problème récurrent pour Stellantis et ses moteurs PureTech
Ce nouveau rappel s’inscrit dans une série de déboires rencontrés par Stellantis avec ses moteurs PureTech ces dernières années. Ces moteurs, pourtant récompensés à plusieurs reprises lors de leur lancement pour leurs performances et leur efficience, ont connu divers problèmes techniques qui ont terni leur réputation.
Les difficultés les plus fréquemment signalées concernent une consommation excessive d’huile et/ou une dégradation prématurée de la courroie de distribution. Ces dysfonctionnements ont conduit à de nombreuses plaintes de la part des clients, certains se retrouvant même dans des situations dangereuses, comme l’évoque un article du Figaro intitulé « La voiture s’est arrêtée net sur l’autoroute : le moteur PureTech de Stellantis, cauchemar des automobilistes ».
Face à ces problèmes récurrents, le groupe a dû prendre des mesures concrètes. Début janvier 2025, Stellantis a lancé une plateforme d’indemnisation rétroactive destinée aux clients ayant rencontré des problèmes avec ce moteur entre 2022 et 2024. Cette démarche visait à apaiser le mécontentement grandissant parmi les propriétaires de véhicules équipés de ces motorisations.
La succession de rappels et les efforts d’indemnisation témoignent de l’ampleur du problème pour le constructeur, tant sur le plan technique que sur celui de l’image de marque. Ces incidents répétés pourraient avoir un impact significatif sur la confiance des consommateurs envers le groupe automobile.
Troisième rappel majeur en quelques mois
Ce rappel de 68 000 véhicules n’est malheureusement pas un cas isolé pour Stellantis. Il s’agit en effet du troisième incident majeur en l’espace de quelques mois seulement, ce qui soulève des questions quant à la gestion de la qualité et de la sécurité au sein du groupe.
Avant cette dernière campagne, Stellantis avait déjà dû rappeler pas moins de 236 900 automobiles, principalement des Citroën C3 et DS3 d’anciennes générations, en raison d’airbags Takata potentiellement dangereux. Cette campagne, encore en cours, avait provoqué une vive inquiétude chez les automobilistes, certains s’étant même vu recommander de ne plus utiliser leur véhicule avant l’intervention.
Rappels récents de Stellantis | Nombre de véhicules concernés | Problème identifié |
---|---|---|
Février 2025 (actuel) | 68 000 | Buses de refroidissement défectueuses (risque d’incendie) |
Janvier-Février 2025 | 236 900 | Airbags Takata défectueux |
2022-2024 | – | Problèmes divers sur moteurs PureTech (consommation d’huile, courroie) |
La multiplication de ces rappels massifs en si peu de temps suscite des interrogations légitimes sur les processus de contrôle qualité mis en place par le constructeur et sur la fiabilité globale de ses véhicules. Elle pose également la question de la responsabilité des sous-traitants, notamment dans le cas des buses de refroidissement et des airbags Takata.
Ces incidents à répétition interviennent dans un contexte déjà difficile pour l’industrie automobile, confrontée à des défis majeurs comme la transition énergétique, les pénuries de composants et l’inflation. Pour Stellantis, né de la fusion entre PSA et FCA (Fiat Chrysler Automobiles) en janvier 2021, ces rappels successifs représentent un défi supplémentaire dans sa stratégie de consolidation et de développement.
Conclusion et perspectives
Face à cette accumulation de problèmes techniques et de rappels, Stellantis se trouve aujourd’hui à un tournant crucial. Le groupe doit non seulement résoudre efficacement les défauts identifiés sur ses véhicules, mais aussi restaurer la confiance des consommateurs, potentiellement ébranlée par ces incidents à répétition.
La rapidité avec laquelle le constructeur a réagi face au problème des buses de refroidissement défectueuses témoigne d’une volonté de prendre au sérieux les questions de sécurité. La mise en place d’une procédure de rappel claire et la prise en charge intégrale des réparations sont des éléments positifs qui méritent d’être soulignés.
Néanmoins, Stellantis devra probablement revoir en profondeur ses processus de sélection et de contrôle des pièces fournies par ses sous-traitants, ainsi que ses propres procédures de contrôle qualité, pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir. Le groupe pourrait également envisager de renforcer sa communication de crise pour mieux accompagner les clients concernés par ces rappels.
Pour les propriétaires des véhicules visés par cette campagne, la vigilance reste de mise. Il est fortement recommandé de vérifier si leur voiture est concernée et, le cas échéant, de prendre rendez-vous au plus vite chez leur concessionnaire pour effectuer l’intervention nécessaire. La sécurité n’a pas de prix, et cette simple intervention de 30 minutes pourrait éviter des conséquences bien plus graves.