Honda et Nissan, respectivement les deuxième et troisième plus grands constructeurs automobiles japonais, sont en discussions pour approfondir leur collaboration, une initiative qui pourrait conduire à une fusion et redéfinir l’industrie automobile du Japon. Face à des défis mondiaux croissants, notamment la transition vers les véhicules électriques (VE) et la montée en puissance des fabricants chinois, les deux entreprises envisagent des moyens de renforcer leur compétitivité.
Une collaboration élargie sur les véhicules électriques
Honda et Nissan ont commencé à travailler ensemble cette année sur le développement de VE et d’hybrides rechargeables. En mars, ils avaient déjà annoncé une exploration stratégique dans ce domaine. Depuis, les discussions se sont étendues à la création potentielle d’une nouvelle entité sous laquelle les deux constructeurs fonctionneraient, selon des sources proches du dossier.
Cette entité commune permettrait à Honda et Nissan de mutualiser leurs ressources et de bénéficier d’une échelle suffisante pour naviguer dans une industrie sous pression. Les investissements requis pour le développement des technologies électriques, des moteurs thermiques et hybrides, et des motorisations avancées sont colossaux. Une telle alliance pourrait être un levier essentiel pour répondre aux attentes du marché et compéter avec des acteurs comme Tesla ou BYD.
Une fusion à l’horizon ?
Selon les rapports, les deux entreprises prévoient de signer un protocole d’accord dans la semaine à venir pour formaliser les discussions. Bien que rien ne soit encore décidé, la fusion potentielle de Honda et Nissan créerait un géant automobile avec des ventes combinées de plus de sept millions de véhicules par an, rivalisant avec les plus grands constructeurs mondiaux. Leurs gammes incluraient des SUV, des berlines, des citadines, des crossovers et des utilitaires équipés de motorisations hybrides, électriques et thermiques.
Cependant, un tel projet n’est pas sans obstacles. Politiquement, une fusion pourrait être scrutée de près au Japon en raison des craintes de pertes d’emplois importantes. De plus, Nissan devrait résoudre les liens complexes avec son partenaire français Renault, une alliance qui dure depuis des années mais qui pourrait devenir un point de friction dans ce nouveau projet. Les questions sur la transition vers des modèles tout électriques et l’intégration des technologies comme les batteries lithium-ion et les systèmes de recharge rapide sont également au centre des discussions.
Une stratégie nécessaire pour survivre
Les analystes estiment que l’industrie automobile est dans une phase critique. Jessica Caldwell, analyste chez Edmunds, souligne que « la survie et la prospérité deviennent de plus en plus difficiles, surtout face à la concurrence accrue des fabricants chinois ». En effet, Honda et Nissan perdent des parts de marché en Chine, qui représentait près de 70 % des ventes mondiales de VE en novembre 2023. Des fabricants comme BYD, dont les revenus trimestriels ont dépassé ceux de Tesla pour la première fois en octobre, bouleversent le secteur avec des modèles à la fois performants et abordables.
Face à cette concurrence, les partenariats entre entreprises apparaissent comme une nécessité. En août, Honda et Nissan avaient déjà renforcé leur collaboration en s’associant à Mitsubishi Motors pour travailler sur des technologies d’intelligence et d’électrification. Nissan, principal actionnaire de Mitsubishi, pourrait même intégrer cette dernière dans un partenariat élargi avec Honda. Le développement de batteries lithium-ion, l’optimisation des systèmes de propulsion hybride rechargeable et la réduction des émissions de CO2 font partie des priorités stratégiques.
Les réactions des marchés financiers
Les révélations sur les discussions ont provoqué des réactions mélangées sur les marchés boursiers. Les actions de Nissan ont grimpé de plus de 20 % à Tokyo, tandis que celles de Mitsubishi ont augmenté de 13 %. En revanche, les actions de Honda ont légèrement baissé de 2 %. Ces fluctuations reflètent les incertitudes liées à une opération de cette ampleur. Des segments comme les SUV compacts, les berlines électriques et les citadines hybrides sont au centre des attentes des investisseurs.
Un avenir en suspens
Les deux constructeurs ont publié des déclarations similaires, confirmant qu’ils étudiaient diverses possibilités pour une collaboration future tout en précisant qu’aucune décision définitive n’avait été prise. Ils se sont engagés à tenir leurs parties prenantes informées en temps opportun.
En conclusion, alors que l’industrie automobile mondiale évolue rapidement, les discussions entre Honda et Nissan représentent une stratégie audacieuse mais cruciale pour relever les défis économiques et technologiques. Si une fusion devait se concrétiser, elle pourrait redéfinir le paysage automobile japonais et consolider la position des deux entreprises sur la scène internationale. Des modèles emblématiques comme la Nissan Leaf, le Honda CR-V ou encore les nouveaux SUV hybrides pourraient jouer un rôle central dans cette transformation. L’accent sera mis sur les motorisations à faible émission, les solutions de recharge rapide et l’introduction de systèmes avancés de connectivité, comme Android Auto et Apple CarPlay, pour satisfaire les attentes des consommateurs de voitures neuves et hybrides.
Sources : BBC