La protection des genoux est un aspect souvent négligé mais crucial de l’équipement du motard. Bien que les genoux soient particulièrement vulnérables en cas d’accident, de nombreux motocyclistes ne savent pas comment les protéger efficacement tout en préservant leur confort de conduite. Cet article vise à faire le point sur les différentes options disponibles sur le marché et à guider les motards dans leur choix de protection pour les genoux.
L’importance de la protection des jambes
Les jambes sont parmi les parties du corps les plus exposées lors d’un accident de moto. Selon les statistiques, près de deux tiers des motards accidentés subissent des blessures aux membres inférieurs. Malgré ce risque élevé, un nombre surprenant de motocyclistes ne s’équipe pas correctement pour protéger leurs jambes.
Une étude réalisée par Kantar TNS en 2018 pour Axa Prévention a révélé que si 77% des motards interrogés déclaraient porter des équipements spécifiques moto en 2018 (contre 53% en 2014), la réalité est plus nuancée. En effet, 72% des sondés négligent le port d’un pantalon renforcé et 75% avouent ne pas porter de pantalon spécifique moto.
Ces chiffres varient selon les catégories d’usagers. Les conducteurs de petites cylindrées (particulièrement les scooters), les femmes et les seniors sont généralement moins bien équipés. La situation s’aggrave encore pendant l’été et pour les passagers.
Paradoxalement, malgré ces pratiques à risque et un équipement souvent insuffisant, 72% des conducteurs de deux-roues motorisés affirment se sentir en sécurité sur leur véhicule. Cette perception erronée du risque ne les incite pas à s’équiper davantage.
Il est intéressant de noter que même si le port de certains équipements devenait obligatoire, seuls 75% des conducteurs accepteraient de porter un pantalon adapté. Les raisons invoquées pour ne pas porter certains équipements sont diverses, notamment le coût et l’inconfort. Par exemple, 24% des sondés jugent le pantalon moto inconfortable.
La protection des jambes est donc un enjeu majeur de sécurité pour les motards, mais elle se heurte à des obstacles psychologiques et pratiques qu’il convient de surmonter.
Les fonctions essentielles d’un pantalon moto
Un pantalon moto doit remplir plusieurs fonctions essentielles pour assurer une protection efficace :
- Protection contre l’abrasion : Le pantalon doit protéger la peau contre les brûlures causées par le frottement sur le bitume en cas de glissade, ainsi que contre les coupures.
- Protection contre les chocs : Il doit protéger les os et les articulations contre les fractures provoquées par les impacts lors d’une chute ou d’une collision avec des obstacles.
- Protection contre les intempéries : Le pantalon doit offrir une protection contre la pluie, le vent, le froid et la chaleur.
- Aspects pratiques : Des poches et autres fonctionnalités peuvent être utiles au quotidien.
- Esthétique : L’apparence du pantalon peut être un facteur de choix pour certains motards.
- Confort : Un bon pantalon moto doit être confortable à porter, tant lors de la conduite qu’en dehors de la moto, notamment pour marcher ou le porter toute la journée au travail.
Le défi principal dans la conception d’un pantalon moto réside dans le placement optimal des protections, en particulier au niveau des genoux.
Le dilemme du placement des protections de genoux
Le placement des protections de genoux dans un pantalon moto pose un véritable défi. Idéalement, les coques de protection doivent être positionnées directement devant les genoux lorsque le motard est assis sur sa moto. Cependant, ce positionnement pose problème lorsque le motard descend de sa machine.
En effet, une fois debout, les coques ont tendance à descendre et se retrouvent devant le tibia, ce qui n’est ni pratique, ni confortable, ni esthétique. À l’inverse, si le fabricant privilégie le confort et l’apparence « en ville », les protections risquent de remonter sur les cuisses une fois en selle, compromettant ainsi leur efficacité.
Ce dilemme explique en partie pourquoi de nombreux motards et scootéristes préfèrent porter un pantalon « normal » au lieu d’un pantalon moto, renonçant ainsi à toute protection. D’autres optent pour un jeans doublé en fibre aramide (kevlar), qui offre une protection contre l’abrasion mais pas contre les chocs.
Ces compromis, qui favorisent le confort et la polyvalence d’usage, se font malheureusement au détriment de la sécurité. Or, les membres inférieurs sont souvent les premiers à subir des dommages lors d’une chute à moto ou à scooter.
La transition entre le confort quotidien et la sécurité en cas d’accident est un défi majeur pour les fabricants d‘équipements moto. Examinons maintenant les conséquences potentielles d’un manque de protection des jambes.
Les conséquences du manque de protection des jambes
Les traumatismes subis par les membres inférieurs lors d’accidents de moto peuvent être graves et avoir des conséquences à long terme. Même si ces blessures ne sont généralement pas mortelles, elles peuvent entraîner des séquelles importantes et affecter durablement la qualité de vie des victimes.
La force d’impact lors d’une chute, même à une vitesse relativement basse de 30 km/h, peut causer des dommages considérables aux genoux. À cela s’ajoutent les risques d’abrasion pendant la glissade, les blessures causées par la moto qui tombe sur la jambe, ou encore les coupures et brûlures provoquées par les parties saillantes de la moto (repose-pieds, commandes, chaîne en mouvement).
Les articulations des genoux sont particulièrement vulnérables lors des accidents de moto. Les chirurgiens orthopédiques constatent fréquemment des blessures graves à ce niveau. Bien que ces traumatismes ne soient pas toujours considérés comme « graves » au sens médical du terme (car ils n’entraînent pas nécessairement de handicap majeur), ils peuvent avoir des répercussions significatives sur la vie quotidienne.
Nombreux sont les motards qui, suite à un accident, se retrouvent avec des séquelles telles que des boitements, des difficultés à marcher sur de longues distances ou l’impossibilité de courir. Ces limitations, bien que non invalidantes au sens strict, peuvent considérablement affecter la qualité de vie et les activités quotidiennes.
Face à ces risques, il est crucial de s’équiper correctement, même si l’on choisit de porter un pantalon de ville. Des genouillères homologuées constituent une protection minimale indispensable.
Passons maintenant en revue les différentes options de protection des genoux disponibles sur le marché, en commençant par les coques intégrées aux pantalons moto.
Les coques intégrées aux pantalons moto
Les coques intégrées sont des protections directement incorporées dans les pantalons de moto. Pour être efficaces et conformes aux normes de sécurité, ces coques doivent être certifiées selon la norme européenne EN 1621-1.
Cette norme prévoit deux niveaux de protection :
- Niveau 1 : La puissance moyenne transmise lors d’un impact ne doit pas dépasser 35 kN (kilo-Newton), avec un pic autorisé à 50 kN.
- Niveau 2 : La puissance moyenne transmise ne doit pas dépasser 20 kN, avec un pic autorisé à 35 kN.
Pour obtenir cette certification, les coques sont soumises à un test d’impact rigoureux : un poids de 5 kg est lâché sur la protection avec une intensité de 50 joules, à 12 reprises. Un test optionnel est également disponible pour évaluer les performances des coques à des températures extrêmes (-10°C et +40°C).
Outre la capacité d’absorption des chocs, la surface couverte par la coque est un critère important. Une coque trop petite, qui ne protège que la rotule, n’est pas suffisante. Il est préférable de choisir des genouillères qui protègent l’ensemble du genou, y compris les côtés, ainsi que le haut du tibia.
Ces coques sont généralement intégrées dans des poches à l’intérieur du pantalon. Sur les équipements haut de gamme, elles sont fournies de série, tandis que sur les modèles d’entrée de gamme, elles peuvent être proposées en option. Idéalement, ces poches devraient permettre un réglage en hauteur de la coque, souvent au moyen de bandes velcro.
Il est possible d’installer ces coques dans des pantalons non spécifiquement conçus pour la moto, soit en y cousant des poches, soit en les fixant avec du velcro adhésif. Cependant, cette solution peut s’avérer moins confortable.
La transition entre les coques intégrées et les protections externes nous amène à explorer une autre option : les genouillères adaptables, qui offrent une flexibilité accrue en termes d’utilisation.
Les genouillères adaptables
Les genouillères adaptables représentent une alternative intéressante aux coques intégrées. Ces protections peuvent être portées par-dessus un pantalon, qu’il soit spécifique moto ou non.
Il est important de ne pas confondre ces genouillères avec les « sliders » utilisés en compétition. Les sliders sont conçus pour prendre appui sur l’asphalte lors de virages serrés sur circuit et ne constituent pas une protection contre les chocs.
Les genouillères adaptables, en revanche, sont des équipements routiers conçus pour protéger le genou des chocs et de l’abrasion. Elles se fixent généralement sur la jambe à l’aide de sangles réglables.
Parmi les premiers modèles de ce type, on peut citer les Spidi Snug Knee, qui offraient une protection à la fois contre les chocs et le froid, avec une coque homologuée intégrée dans une jambière en softshell. Cependant, ces équipements avaient tendance à tenir trop chaud dès que la température dépassait 15°C, ce qui limitait leur utilisation.
Pour pallier ce problème, Spidi a développé les K-Net Protector, qui intègrent les mêmes coques dans une genouillère en tissu aéré. Néanmoins, leur fixation par seulement deux sangles peut les rendre instables.
L’équipementier américain Icon a amélioré le concept avec les Street Knee, qui utilisent deux sangles croisées derrière le genou pour un meilleur maintien. Ces genouillères intègrent une coque en matériau D3O, connu pour ses propriétés d’absorption des chocs.
Dainese, fort de son expertise dans le domaine de la moto et du ski, propose plusieurs modèles de genouillères avec des systèmes de fixation efficaces, utilisant plusieurs velcros. Parmi ces modèles, on trouve les Dainese Easy Fit, les Trail Skins 2 et les Hybrid.
L’avantage principal de ces genouillères adaptables est leur polyvalence. Elles peuvent être portées sur n’importe quel pantalon, s’enfilent et s’enlèvent facilement, et peuvent être rangées dans un top-case ou une sacoche. Pour un investissement généralement inférieur à 100 euros, elles offrent une protection efficace des genoux tout en préservant le confort hors moto.
La diversité des options de protection ne s’arrête pas là. Examinons maintenant les genouillères non articulées, qui représentent une solution plus basique mais parfois suffisante pour certains usages.
Les genouillères non articulées
Les genouillères non articulées sont les protections de genoux les plus simples. Elles sont principalement issues du monde de l’enduro et du motocross, où elles sont généralement portées sous un pantalon souple et léger, en complément de bottes hautes et rigides (qui protègent le bas du tibia) et d’un short de protection (qui protège les hanches et les cuisses).
Ces genouillères basiques se caractérisent par une structure simple :
- Elles ne sont pas articulées et ne comprennent qu’une seule coque.
- Elles sont fixées par une ou deux sangles, situées en dessous du genou.
- La partie supérieure de la genouillère n’est généralement pas fixée, elle est censée rester en place grâce à la pression du pantalon.
Presque toutes les marques d’équipement enduro proposent ce type de genouillères. Elles conviennent à un usage enduro non intensif, mais présentent des limites pour un usage routier.
En effet, leur fixation légère risque de ne pas résister à une glissade sur le bitume à vitesse élevée. Dans une telle situation, la protection pourrait tourner, voire s’arracher, compromettant ainsi son efficacité.
Bien que ces genouillères offrent une protection de base, elles ne sont pas idéales pour un usage routier intensif ou à haute vitesse. Pour une protection plus complète et adaptée à un usage routier, il faut se tourner vers des solutions plus élaborées, comme les genouillères articulées.
La transition vers une protection plus robuste nous amène à explorer les genouillères articulées, qui offrent un niveau de sécurité supérieur pour les usages plus exigeants.
Les genouillères articulées
Pour une protection optimale, les genouillères articulées représentent le choix le plus sûr. Ces équipements, plus sophistiqués que leurs homologues non articulés, offrent une protection accrue et un meilleur maintien de l’articulation du genou.
Caractéristiques principales des genouillères articulées :
- Structure : Elles comprennent plusieurs coques reliées entre elles, permettant une meilleure adaptation aux mouvements du genou.
- Fixation : Elles sont généralement fixées par au moins trois sangles, positionnées au-dessus et en-dessous du genou, assurant ainsi un maintien optimal.
- Fonction d’orthèse : Ces genouillères agissent comme une orthèse, c’est-à-dire un appareillage qui assiste et stabilise l’articulation du genou.
- Protection complète : Elles protègent non seulement contre les chocs, mais empêchent également la torsion du genou dans le mauvais sens.
Il est important de distinguer les genouillères articulées des genouillères ligamentaires :
- Une genouillère ligamentaire est conçue en tissu extensible avec des baleines latérales rigides. Elle offre une contention plus ou moins importante et est adaptée à la pratique sportive.
- Une orthèse de genou (genouillère articulée) est principalement composée de matériaux rigides. Malgré cette rigidité, le confort n’est pas sacrifié grâce à des coussinets condyliens anti-irritation et des sangles recouvertes de matière type velours. Cette construction offre une meilleure protection des structures ligamentaires et un maintien élevé à très élevé selon le modèle.
Les genouillères articulées sont initialement conçues pour les motards pratiquant l’enduro et le moto-cross, disciplines particulièrement traumatisantes pour les genoux. Cependant, avec l’essor du supermotard et du « cross bitume », ces équipements ont progressivement été adoptés par les motards urbains, qui les portent sur ou sous le pantalon.
Toutes les grandes marques d’équipement tout-terrain proposent des modèles de genouillères articulées, mais certaines se distinguent par leur expertise médicale. Des marques comme Leatt, EVS ou Donjoy, qui collaborent souvent avec des médecins ergothérapeutes, sont réputées pour l’efficacité de leurs produits.
En termes de prix, il existe une grande variété sur le marché des orthèses moto de genou :
- Les modèles d’entrée de gamme commencent autour de 60-70 euros.
- Les produits de qualité moyenne se situent autour de 100 euros.
- Le haut de gamme peut atteindre plusieurs centaines d’euros, voire avoisiner les 1000 euros pour les modèles les plus sophistiqués.
Le choix d’une genouillère articulée dépendra donc de votre budget, mais aussi de vos besoins spécifiques en termes de protection et de confort.
La diversité des options de protection pour les genoux des motards reflète la complexité de trouver un équilibre entre sécurité et confort. Chaque solution présente ses avantages et ses inconvénients, et le choix final dépendra des priorités de chaque motard.
Choisir la protection de genoux adaptée : un équilibre entre sécurité et confort
La protection des genoux est un aspect crucial de la sécurité des motards, trop souvent négligé. Les statistiques montrent clairement que les membres inférieurs sont particulièrement vulnérables lors des accidents de moto, et les conséquences d’un manque de protection peuvent être graves et durables.
Face à ce constat, l’industrie de l’équipement moto a développé diverses solutions pour protéger efficacement les genoux des motards. Ces solutions vont des coques intégrées aux pantalons moto aux genouillères articulées sophistiquées, en passant par les genouillères adaptables et non articulées.
Chaque type de protection présente ses avantages et ses inconvénients :
- Les coques intégrées offrent une protection discrète mais peuvent poser des problèmes de positionnement.
- Les genouillères adaptables permettent une grande flexibilité d’utilisation mais peuvent être moins confortables que les protections intégrées.
- Les genouillères non articulées sont simples et économiques mais offrent une protection limitée pour un usage routier.
- Les genouillères articulées fournissent la meilleure protection mais sont généralement plus coûteuses et volumineuses.
Le choix de la protection idéale dépendra de plusieurs facteurs :
- Votre type d’utilisation de la moto (urbain, routier, tout-terrain)
- Votre budget
- Vos préférences en termes de confort et d’esthétique
- Votre perception du risque et votre désir de protection
Il est important de trouver le bon équilibre entre sécurité et confort. Une protection trop contraignante risque de ne pas être portée régulièrement, tandis qu’une protection insuffisante ne remplira pas son rôle en cas d’accident.
N’oubliez pas que même si vous optez pour un pantalon de ville, il est fortement recommandé de porter des genouillères homologuées. La sécurité ne doit jamais être sacrifiée au nom du style ou du confort.
En fin de compte, le meilleur choix sera celui qui vous permettra de vous sentir en sécurité tout en restant confortable lors de vos déplacements à moto. N’hésitez pas à essayer différentes solutions et à demander conseil auprès de professionnels ou de motards expérimentés.
La protection des genoux est un investissement dans votre sécurité et votre santé à long terme. En choisissant l’équipement adapté à vos besoins, vous pourrez profiter pleinement du plaisir de la moto tout en minimisant les risques en cas d’accident. Rappelez-vous : la meilleure protection est celle que vous portez systématiquement.