
Dans une évolution marquante du paysage automobile européen, les véhicules hybrides ont pour la première fois dépassé les voitures essence en termes de ventes au mois de septembre 2024. Cette transformation significative du marché, révélée par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), témoigne d’une accélération de la transition énergétique dans le secteur automobile.
Un marché en transformation malgré un contexte difficile
Le marché automobile européen traverse une période complexe, marquée par une baisse générale des immatriculations de 6,1% en septembre 2024 par rapport à l’année précédente. Cette diminution, bien que préoccupante, représente néanmoins une amélioration notable par rapport au mois d’août, où la chute atteignait 18,3%. Sur l’ensemble de l’année 2024, le marché maintient une relative stabilité avec une légère progression de 0,6%, portée notamment par les performances positives de l’Espagne (+4,7%) et de l’Italie (+2,1%), qui compensent les reculs observés en Allemagne (-1,8%) et en France (-1%).
Les difficultés économiques persistantes et les changements de comportement des consommateurs ont profondément influencé la structure du marché. Cette transformation s’accompagne d’une évolution notable des préférences en matière de motorisation.
La montée en puissance des véhicules électrifiés
Le fait marquant de cette période réside dans la performance exceptionnelle des véhicules hybrides, qui ont capté 32,8% des immatriculations dans l’Union européenne en septembre, surpassant pour la première fois les véhicules essence (29,8%). Plus largement, l’ensemble des véhicules électrifiés – incluant les hybrides, les hybrides rechargeables et les électriques – représente désormais 56,9% des nouvelles immatriculations, contre 50,3% en 2023.
Cette évolution témoigne d’une transformation profonde des habitudes de consommation. Les acheteurs semblent considérer l’hybride comme un compromis idéal entre l’essence traditionnelle et le tout-électrique.
Des défis persistants pour l’électrique pur
Si les véhicules hybrides connaissent un succès croissant, le segment du tout-électrique montre des signes de stabilisation avec une progression de 2,5% en septembre 2024 par rapport à l’année précédente, malgré une légère baisse sur l’ensemble de l’année (-0,9%). Cette situation s’explique en partie par les politiques divergentes des pays européens en matière d’incitations écologiques et par les mesures protectionnistes visant à limiter l’importation de véhicules électriques chinois à bas prix.
Impact sur les constructeurs européens
Les grands constructeurs européens affichent des performances contrastées dans ce contexte changeant. Volkswagen maintient une légère croissance (+0,3%), tandis que Stellantis accuse une forte baisse (-27,1%) et Renault un recul plus modéré (-1,5%). Face à cette situation, Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA, souligne que le marché des véhicules électriques est encore loin d’atteindre la maturité nécessaire pour une transformation réussie de la mobilité verte.
Perspectives et enjeux futurs
La décision européenne d’interdire la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035 commence à influencer significativement le marché. Les quatre principaux marchés européens – France, Italie, Allemagne et Espagne – enregistrent des baisses importantes des ventes de véhicules essence, avec des chutes particulièrement marquées en France (-31,9%) et en Italie (-23,3%).
La récente approbation par l’UE de droits d’importation pouvant atteindre 45% sur les véhicules électriques chinois illustre les tensions géopolitiques sous-jacentes à cette transformation du marché. Cette mesure, destinée à protéger l’industrie européenne, pourrait néanmoins avoir des répercussions sur l’accessibilité des véhicules électriques pour les consommateurs européens.