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Scandale des airbags Takata : UFC-Que Choisir poursuit Citroën alors que le rappel s’étend à l’Europe

Dans une nouvelle escalade du scandale des airbags défectueux Takata, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a annoncé ce mercredi 22 janvier 2025 le dépôt d’une plainte contre Citroën, marquant un tournant majeur dans cette crise qui secoue l’industrie automobile depuis plus d’une décennie. Cette action en justice intervient alors que Stellantis, maison-mère de Citroën, étend son rappel massif de véhicules à l’ensemble de l’Europe.

Une plainte aux accusations graves

L’UFC-Que Choisir n’y va pas de main morte dans ses accusations, déposant plainte auprès de la procureure de la République de Versailles pour « pratiques commerciales trompeuses, tromperie aggravée et mise en danger délibérée de la vie d’autrui« . L’association dénonce ce qu’elle qualifie de « gestion chaotique au mépris des vies humaines », pointant du doigt non seulement les constructeurs mais également les pouvoirs publics pour leur gestion de la crise.

Les accusations sont d’autant plus sérieuses que le bilan humain est lourd : douze décès ont déjà été recensés sur le territoire français, causés par ces airbags défectueux qui, au lieu de protéger leurs occupants, peuvent projeter des débris métalliques mortels en cas de déploiement. Face à l’ampleur du scandale, l’association réclame la création d’une commission d’enquête parlementaire.

Une mise en demeure et des demandes d’indemnisation

Au-delà de la plainte pénale, l’UFC-Que Choisir met en demeure Citroën d’indemniser sans délai les propriétaires victimes pour tous les préjudices liés à l’immobilisation forcée de leur véhicule. L’association critique vertement le refus persistant de Citroën d’annoncer la moindre mesure d’indemnisation, alors même que le groupe Stellantis affirme avoir provisionné un milliard d’euros pour la seule campagne de rappel de sécurité.

Un rappel massif qui s’étend à toute l’Europe

Le groupe Stellantis vient d’annoncer l’extension de sa campagne de rappel à l’ensemble de l’Europe, touchant désormais plus de 869 000 véhicules, dont 400 000 en France. Les modèles concernés sont les Citroën C3 phase 2 et DS3 produites entre 2009 et 2017. Cette extension géographique suit une logique climatique : après avoir initialement concentré ses efforts sur le sud de l’Europe et les territoires d’Outre-mer, où le risque est plus élevé en raison des conditions climatiques chaudes et humides, le constructeur étend progressivement son action vers le nord.

La première phase de cette nouvelle campagne, lancée le 20 janvier, cible d’abord 73 000 véhicules en France, privilégiant les modèles les plus anciens datant de 2009 et 2010. Le déploiement se poursuivra de manière échelonnée jusqu’en juin, prenant en compte la disponibilité des pièces de rechange et la capacité du réseau de concessionnaires à effectuer les réparations.

Un problème technique aux conséquences mortelles

Le cœur du problème réside dans l’utilisation par Takata du nitrate d’ammonium comme agent propulseur dans ses airbags. Ce composé chimique se dégrade particulièrement dans les climats chauds et humides, rendant le déploiement des airbags potentiellement mortel. En effet, la dégradation du propergol peut provoquer une explosion trop violente, projetant des fragments métalliques vers les occupants du véhicule.

Cette défaillance technique a des répercussions mondiales considérables : selon l’institut de recherche Tokyo Shoko, pas moins de 100 millions d’airbags ont été impactés à l’échelle mondiale. Le fabricant japonais Takata, à l’origine de ces composants défectueux, n’a pas survécu au scandale, déclarant faillite en 2017.

Une gestion différenciée selon les zones géographiques

La stratégie de rappel de Stellantis se distingue par son approche géographique différenciée. Dans le sud de l’Europe, où le risque est plus élevé en raison des conditions climatiques, le groupe a mis en place une campagne « stop drive » au printemps 2024, interdisant purement et simplement aux propriétaires de conduire leur véhicule jusqu’à sa réparation. Cette mesure draconienne a nécessité une mobilisation sans précédent du réseau de concessionnaires et la mise à disposition de véhicules de remplacement.

Le constructeur affirme avoir déjà réparé plus de 94% des véhicules enregistrés dans le sud de l’Europe, soit environ 400 000 unités. Pour le nord de l’Europe, où le risque est considéré comme « considérablement plus faible », la campagne de rappel suit un protocole standard, sans interdiction de circulation.

Un scandale qui dépasse Citroën

Il est important de noter que Citroën n’est pas le seul constructeur concerné par ce scandale. De nombreuses autres marques prestigieuses comme Volkswagen, Nissan, BMW, Toyota, Audi, Ford, Honda, Ferrari, Mazda et Mercedes ont également dû rappeler des millions de véhicules équipés d’airbags Takata. Volkswagen, par exemple, a lancé sa propre campagne « stop drive » dans les départements français d’Outre-mer pour ses modèles Golf, Polo et Fox.

Le Ministère de l’écologie précise que les véhicules construits entre 1998 et 2019 peuvent être équipés de ces airbags défectueux, soulignant l’ampleur temporelle considérable de cette crise industrielle majeure.

Cette nouvelle étape dans le scandale des airbags Takata, marquée par l’action en justice d’UFC-Que Choisir et l’extension du rappel à l’échelle européenne, met en lumière les défis considérables auxquels font face les constructeurs automobiles et les autorités. Entre gestion des risques, logistique des rappels et demandes d’indemnisation, cette crise continue d’ébranler l’industrie automobile, plus d’une décennie après les premières alertes. Les prochains mois seront déterminants pour évaluer comment Stellantis et les autres constructeurs gèrent cette situation complexe, sous la pression grandissante des associations de consommateurs et de l’opinion publique.

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